Une île interdite, des ruines surveillées, des territoires qui s’ouvrent à contrecœur aux curieux : le voyage vers les contrées les plus étranges du monde ne ressemble à aucun autre. L’île de Hashima, au large du Japon, a été interdite d’accès pendant plus de trente ans. Elle n’a rouvert ses portes qu’en 2009 à la suite d’une demande croissante d’explorateurs urbains. À Pripyat, la zone d’exclusion autour de Tchernobyl, établie depuis 1986, reste soumise à des contrôles stricts malgré l’afflux de visiteurs fascinés par son histoire.
Certains sites abandonnés, bien que classés au patrimoine mondial, ne bénéficient d’aucune mesure de préservation active. D’autres, en revanche, voient leurs accès restreints, voire entièrement refusés, pour protéger des vestiges uniques menacés par le temps et l’activité humaine.
Pourquoi certains pays fascinent-ils par leurs lieux abandonnés ?
La recherche du pays le plus étrange s’inscrit dans une dynamique où le goût du mystère se mêle à l’envie de comprendre l’histoire. Le tourisme noir connaît un essor remarquable ces dernières années : il s’agit de voyager vers des lieux marqués par la tragédie, le danger ou la mort. Cette tendance, visible à travers des destinations telles que le Fort de Bhangarh en Inde ou l’Isla de las Muñecas près de Mexico, attire des voyageurs avides de vécu hors du commun et de récits qui sortent des sentiers battus.Des émissions comme Dark Tourist sur Netflix, menée par David Farrier, traduisent cette soif d’immersion dans l’histoire et l’étrangeté. Ces reportages mettent en avant des lieux empreints de silence et d’abandon, où chaque mur fissuré, chaque rue abandonnée, porte le poids de souvenirs parfois douloureux. Ces destinations plongent les visiteurs dans des univers insolites et confrontent chacun à la fragilité de la mémoire collective.En Europe, la France n’est pas en reste : entre les murs hantés du Château de Brissac ou les souterrains de Mary King’s Close à Édimbourg, l’étrangeté s’invite aussi. Ceux qui rêvent d’un voyage inoubliable choisissent ces lieux pour leur force d’évocation, la puissance de leur silence, la façon dont ils interpellent le patrimoine. Ce qui attire ici, c’est souvent l’écart entre la beauté des bâtisses et les drames dont elles gardent la trace, une alchimie qui ne laisse personne indifférent.
Panorama des destinations les plus étranges à travers le monde
Rarement le globe a offert autant de destinations insolites et fascinantes. Quelques sites sortent du lot, repoussant les limites de l’étrangeté et de l’attraction. Le Fort de Bhangarh, au Rajasthan, s’entoure de légendes sombres et attire les passionnés d’histoires fantastiques. L’Isla de las Muñecas, nichée dans les canaux de Xochimilco, intrigue par ses milliers de poupées suspendues, témoignages d’une obsession locale peu commune.Aux abords du Pacifique, l’Île de Pâques fascine toujours : statues géantes, énigmes archéologiques, ambiance de bout du monde. La Plaine des Jarres, au Laos, aligne d’imposants récipients de pierre dont le mystère reste entier, défiant la logique des experts depuis des décennies.L’Europe regorge aussi de lieux étranges et marquants. Mary King’s Close à Édimbourg plonge le visiteur dans une succession de ruelles ensevelies sous la ville, vestiges de l’époque de la peste. En Irlande, la Chaussée des Géants déploie ses colonnes de basalte, une curiosité géologique qui nourrit l’imaginaire collectif. Landmannalaugar en Islande, les grottes de Huashan en Chine ou le palais de la Regaleira à Sintra enrichissent cette liste de patrimoine mondial où la créativité humaine répond aux caprices de la nature.
Pour mieux situer ces lieux hors du commun, voici quelques exemples emblématiques à travers le monde :
- Fort de Bhangarh Inde
- Isla de las Muñecas Mexique
- Île de Pâques Chili
- Plaine des Jarres Laos
- Mary King’s Close Écosse
- Chaussée des Géants Irlande
Visiter des sites oubliés : immersion dans des décors hors du temps
Partir à la découverte d’un lieu abandonné, c’est choisir de s’affranchir des itinéraires classiques. Le tourisme noir fédère une communauté de curieux qui veulent vivre autre chose : marcher dans les couloirs froids d’un ancien hôpital, monter les marches branlantes d’un manoir vidé de ses secrets, traverser un village désert où le silence en dit long. Les fans de voyages insolites racontent leur goût pour ces endroits où la nature reprend ses droits, où l’histoire s’insinue dans chaque recoin.
L’émission Dark Tourist sur Netflix, avec David Farrier, a contribué à mettre ces expériences sur le devant de la scène. Désormais, des lieux comme le Fort de Bhangarh, l’Isla de las Muñecas ou Mary King’s Close deviennent des étapes privilégiées pour qui cherche des expériences singulières. D’autres choisissent la route : road trip à travers l’Europe, exploration de villages fantômes, visites d’anciennes gares ou sanatoriums. Blogueurs et explorateurs, comme Lisa, partagent astuces et anecdotes sur leurs découvertes à travers la France, Berlin ou Amsterdam.
Trois aspects séduisent particulièrement les voyageurs qui s’aventurent dans ces territoires oubliés :
- Authenticité brute des décors abandonnés
- Rencontres avec une histoire méconnue
- Atmosphères suspendues hors du temps
Ces voyages inoubliables dessinent un autre visage du monde : celui des marges, où subsistent les traces d’un passé que l’on croyait effacé.
Préserver ces trésors insolites, un enjeu pour les générations futures
Protéger les sites insolites dépasse le simple attrait de la découverte. Nombre d’entre eux, comme Butrint, Berat ou Gjirokastër, figurent au patrimoine mondial UNESCO pour la richesse de leur histoire et leur vulnérabilité. Ce classement suppose des règles strictes pour sauvegarder l’âme des lieux, les paysages et les témoignages de civilisations disparues.
Sur le terrain, tout se joue dans l’implication des acteurs locaux. Dans le parc de Karaburun-Sazan, chercheurs, habitants et autorités conjuguent leurs efforts pour préserver la biodiversité sans sacrifier l’attrait touristique. Le Syri i Kaltër, phénomène géologique unique, montre à quel point il faut composer entre ouverture au public et protection de la nature. Les tombes illyriennes de Selcë e Poshtëme rappellent, quant à elles, que la moindre intervention peut bouleverser un héritage vieux de plusieurs siècles.
Faire vivre l’esprit du lieu, voilà le défi. Éveiller les consciences à la fragilité de ces endroits, encourager les pratiques responsables, renforcer la vigilance : la pérennité de ces paysages insolites dépend de notre capacité à agir collectivement. Le parc national de Prespa, partagé entre trois pays, offre d’ailleurs un bel exemple de coopération : gestion partagée des ressources, promotion d’un tourisme réfléchi, valorisation des traditions. Une vision à long terme où chaque génération joue sa partition, sans jamais perdre de vue l’héritage transmis.
À l’heure où le monde semble cartographié dans ses moindres recoins, ces destinations rappellent que l’étrangeté existe encore, là où l’histoire et l’imaginaire se croisent. Qui saura résister à l’appel de ces terres singulières ?


